Ainsi donc, après le ministère de l’Education nationale, et celui de la Défense, le ministère de la Culture succombe également au charme des sirènes de Microsoft. D’après BFM TV, la firme de Redmond va en effet installer sa suite logicielle Office sur tous les ordinateurs de la rue de Valois. Un contrat de 2 millions d’euros. « Je suis aussi sensible aux conditions dans lesquelles vous travaillez. (…) 2 millions d’euros seront engagés en 2017 pour améliorer la bureautique et les systèmes d’information relatifs aux ressources humaines pour qu’enfin, tout le monde travaille avec les mêmes logiciels », explique la ministre de tutelle, Audrey Azoulay, dans une lettre envoyée au personnel du ministère. D’après une source interne, c’est bel et bien Microsoft Office qui sera déployé sur les postes des agents de l’administration centrale. « Actuellement, deux systèmes coexistent: la grande majorité des personnels utilise des logiciels libres et une minorité Microsoft Office, ce qui complique la communication ». précise cette source.
On peut s’étonner de ce choix alors que Fleur Pellerin, qui occupait le poste précédemment, a toujours marqué sa préférence pour le logiciel libre qu’elle considérait comme un « garant de la souveraineté numérique ». Des paroles qui prennent tout leur sens dans la période d’incertitude qui s’ouvre avec l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Par ailleurs, la loi pour une République numérique entrée en vigueur le 7 octobre dernier prévoit que les administrations « veillent à préserver la maîtrise, la pérennité et l’indépendance de leurs systèmes d’information » et « encouragent l’utilisation des logiciels libres et des formats ouverts lors du développement, de l’achat ou de l’utilisation, de tout ou partie, de ces systèmes d’information». Certes ce n’est qu’une déclaration d’intention comme le déplore l’April (Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre), mais on est en droit de souhaiter plus de cohérence.
Cela dit, la légalité de cette décision est remise en question. Interrogé par BFM TV, Me Jean-Baptiste Soufron, avocat au cabinet FWPA, a ainsi rappelé que l’article 6 IV du code des marchés publics « interdit de faire des appels d’offres définissant par avance l’éditeur ou le prestataire qui devra être utilisé ». Affaire à suivre donc.