Alors que les tractations se poursuivent entre les différents opérateurs mobiles en vue du rachat éventuel de Bouygues Telecom par Orange, la CFE-CGC Orange et l’ADEAS (Association de Défense de l’Epargne et de l’Actionnariat Salariés) s’invitent dans le débat. Dans une lettre ouverte envoyée au PDG de l’opérateur historique, Stéphane Richard, les syndicalistes et les représentants des actionnaires salariés estiment qu’un éventuel retour à trois opérateurs « signera l’échec de la concurrence soi-disant « vertueuse » voulue par les politiques, de droite comme de gauche, et les autorités de régulation du marché, Arcep et Autorité de la concurrence notamment ».
Loin de partager les craintes des associations de consommateurs qui s’opposent à la réduction du nombre de concurrents, ils militent en faveur d’un retour à trois opérateurs, estimant que la chute des prix des communications mobiles depuis 2012 a entraîné une baisse massive des revenus, mais surtout des profits « qui n’ont jamais dépassé 8% du chiffre d’affaires, entraînant une baisse contrainte des investissements dans les infrastructures et des politiques d’économies drastiques chez les opérateurs qui feront des dégâts sur le long terme ».
Ils posent toutefois certaines conditions à la reprise de Bouygues Telecom. Ils s’opposent notamment à l’accroissement de la dette d’Orange « Notre entreprise est déjà fortement endettée (…) Il est question d’acquérir pour 10 milliards d’euros, soit 2,5 fois son chiffre d’affaires et 2,5 fois le total de son bilan, une activité valorisée à 5,85 milliards d’euros dans les documents de référence de Bouygues, activité dont les résultats 2014 sont négatifs. Quel que soit le prix final et le montage financier de l’opération, il ne serait pas acceptable qu’elle entraîne un accroissement de notre endettement. »
Ils refusent par ailleurs « qu’à la demande des autorités de la concurrence, des actifs actuellement propriété d’Orange soient cédés à des tiers ». « Notre entreprise les a construits grâce au travail de ses collaborateurs, dès lors il n’est pas concevable que ceux-ci se voient déposséder au profit d’acteurs tiers de ce travail accompli depuis parfois 40 ans », insistent les auteurs de la lettre.
Ils revendiquent en cas de reprise du personnel de Bouygues une garantie de l’emploi « dans le cadre d’un dispositif négocié ». Ils demandent par ailleurs un renforcement de l’actionnariat salarié chez l’opérateur historique « au travers d’offres réservées aux personnels plus généreuses, à l’image de ce qui se pratique… chez Bouygues ».
Considérant qu’en cas d’un rapprochement entre les deux opérateurs, le poids économique de l’activité en France sera supérieur à 50% du chiffre d’affaires d’Orange, ils souhaitent enfin que l’entreprise déploie une politique offensive à l’international « portée par un véritable projet d’entreprise à cet égard ».
« A ces conditions, un rapprochement entre Orange et Bouygues Télécom pourrait avoir des effets positifs pour notre entreprise et pour ses personnels », conclut la lettre ouverte..