Nous publions aujourd’hui le premier volet d’un dossier en trois parties consacré au Green IT. Jean-Paul Bembaron, « efficient IT » chez EMC, y décrypte l’intérêt des entreprises pour l’environnement.
Que pensent les entreprises du Green IT ? S’agit-il d’un gadget, d’un simple outil marketing ou d’une préoccupation légitime ? Les directions informatiques sont-elles prêtes à réaliser des achats IT responsables ? Si oui, est-ce dans le cadre d’une politique de responsabilité mise en place par l’entreprise ? Pour des raisons purement économiques ? Pour « bien faire » ? Pour améliorer l’image de la société ? Pour se mettre en conformité avec une future législation ? S’il se dégage une demande bien réelle pour des solutions plus propres, le marché pourra-t-il y répondre ? Enfin, la crise menace-t-elle la démarche environnementale ?
Afin de répondre à ces nombreuses questions nous avons interrogé plusieurs chefs d’entreprise, consultants et responsables de cellules Green IT. Nous commencerons aujourd’hui avec l’interview de Jean-Paul Bembaron « efficient IT » chez EMC.
Channelnews : Pourquoi un responsable Green IT chez EMC ? Est-ce pour répondre aux aspirations des clients ?
Jean-Paul Bembaron : A la fin de l’été 2008 j’ai été choisi pour relayer la démarche Green IT de l’entreprise. Cela consiste à rencontrer nos clients des services informatiques et nos partenaires pour échanger sur le sujet. Tous ont des préoccupations plus ou moins matures.
Le DG demande souvent d’intégrer une démarche développement durable, les services informatiques essayent alors de savoir comment réaliser cette intégration. Les entreprises ont généralement une démarche écologique mais ont besoin d’une justification économique pour se lancer. Nous pouvons alors leur proposer des solutions. D’autant que tout ce que fait EMC a toujours eu cette approche avant qu’elle ne s’appelle Green IT.
Pour stocker de plus en plus d’octets il faut une grosse machine, qui demande beaucoup d’espace et qui consomme beaucoup. La déduplication, évite de sauvegarder les mêmes données plusieurs fois , ce qui réduit le volume de stockage et donc la consommation. Le flash disk répond également à cette attente. Nous voulons toutefois aller plus loin dans notre démarche. C’est pourquoi nous avons constitué une équipe afin de proposer des services Green IT.
Quels sont ces services ?
Jean-Paul Bembaron : En fonction de la demande du client, nous faisons une évaluation de son système informatique. Après analyse, nous lui proposons une solution avec une roadmap, en tenant compte de la pertinence économique. Aujourd’hui on constate que les clients marquent de plus en plus d’intérêt pour ces services.
Ils nous disent « Moi, service informatique, j’ai des problèmes avec mes données de stockage, mes serveurs et mon trafic réseau, qui émettent de la chaleur et qui me coûtent de l’argent. » Nous nous sommes donc rapprochés de VMware et de Cisco. Avec eux nous sommes en train de bâtir une offre de services qui sera peut-être portée par un acteur traditionnel du conseil.
Cependant, entre le lancement de cette démarche et aujourd’hui, la situation économique a évolué. On s’est demandé si la crise n’allait pas freiner le mouvement. C’est le contraire qui se passe puisque moins de consommation, moins de surface et moins de chaleur dégagée égale moins de coûts. D’autant que le ROI est extrêmement rapide. Il est quelquefois de quelques mois en cas de déduplication.
Quels sont les secteurs d’activités qui sont les plus demandeurs ?
Jean-Paul Bembaron : Si l’on s’attarde aux réalités du terrain, on constate que le marché du data center est très demandeur. D’autant qu’il y a un phénomène de relocalisation des centres de données au sein des entreprises. Il y a ensuite tout ce qui touche à la production.
La réflexion est généralement bien engagée puisqu’il faut souvent moderniser les usines pour répondre à l’évolution de la réglementation. Plus récemment les secteurs de la banque se sont intéressés au Green IT. Les éditeurs par exemple regardent ce qui se fait en matière de carbone management pour aller au-delà de l’aspect économique.