L’édition 2011 du Top100 mondial des éditeurs de logiciel PwC laisse toujours apparaître la même tendance : le nombre de champions européens demeure très faible au regard du marché. Et le Saas reste marginal.

 

Peu de changements dans le top 100 annuel des éditeurs établis pour le compte de l’Afdel (voir tableau ci-dessous), mais quelques tendances remarquables. Tout d’abord la fin de l’hégémonie américaine sur le monde du logiciel n’est pas pour demain. Sur les 10 premiers groupes mondiaux, seul SAP échappe à la mainmise des sociétés créées aux Etats-Unis. L’éditeur allemand occupe toujours – avec 8,1 milliards de dollars de CA « édition » soit 74% de l’ensemble de son activité – la 4ème place derrière le trio Microsoft, IBM et Oracle. Ces mastodontes n’ont pas de soucis à se faire : Microsoft a pris de l’avance ; IBM, SAP et Oracle ont de leur côté développé une stratégie de croissance externe qui les ont fait respectivement acheter les éditeurs classés 49ème (Sterling Commerce), 3ème (Sybase) et 26ème (Sun Microsystems).

Surtout, au-delà des leaders, PwC, qui a publié l’étude réalisée par PAC, présente un top 100 mondial composé à 74% d’entreprises d’origine américaine, 14% de sociétés européennes, seulement l’une d’entre elles – en l’occurrence Dassault Systèmes – étant française. L’éditeur spécialisé dans la gestion du cycle de vie des produits se classe 22ème avec 1,1 milliard de dollars de CA dans l’édition, soit 88% de son activité totale.

L’Europe un marché solide… pour le plus grand profit des éditeurs américains


Un retard d’autant plus conséquent de l’édition logicielle européenne, que son marché « domestique » demeure plutôt porteur en représentant 36% du marché global contre 44% pour l’Amérique et 20% pour le marché asiatique… Côté dynamisme même constat : le Vieux continent fournit peu de champions en dépit d’une croissance de la consommation globale du logiciel plutôt bonne. Sur les années à venir, PwC estime ainsi que si l’Asie doit connaître les plus fortes progressions – au delà des 8% en moyenne annuelle pour la période 2011-2014 – l’Europe doit également enregistrer une croissance soutenue – même si son niveau demeurera constant année après année – au dessus des 5%. La progression en Amérique devrait quant à elle être plus réduite (en deçà des 5% à compter de 2012). En 2013, la croissance en Europe sera même supérieure à celle enregistrée en Amérique.

 

Top_100_diteurs_PwC_2011

L’Asie : un marché au potentiel connu et aux acteurs en devenir


L’Asie connaît un peu le même décalage avec un marché déjà conséquent, une croissance importante à venir et peu de champions à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, le top 100 recense 7 acteurs japonais, dont Fujitsu est le principal, à la 12ème place avec 1,5 milliards de dollars de CA dans le logiciel, un acteur coréen, Samsung, (74ème place) avec 260 M$, et un acteur chinois, Neusoft qui occupe la 96ème position avec 183 M$, soit 42% de son activité totale.

Selon PwC, le continent asiatique est encore en devenir côté producteur de technologies. Ses analystes estiment ainsi que la mondialisation croissante de leur économie domestique offre de grandes possibilités pour les éditeurs de logiciels chinois. Le top 100 chinois est très fragmenté, les 5 premiers éditeurs représentent 40% du total des revenus. Mais si « les acteurs locaux restent de petite taille par rapport aux entreprises plus importantes aux Etats-Unis ou en Europe, ils devraient gagner en dynamisme et connaître une mutation rapide dans les années à venir ».

Du côté de l’Inde, l’autre géant asiatique, l’industrie IT a historiquement été associée aux services informatiques. Toutefois PwC estime que « la dernière décennie a vu le nombre d’éditeurs indiens augmenter considérablement. La percée récente des éditeurs de logiciels dans le secteur de l’éducation, la santé, des technologies propres et des applications mobiles devrait porter sa croissance dans les années à venir ».

Les acteurs historiques du web toujours marginaux dans la pure édition logicielle

Dernière tendance remarquable, en dépit de la prééminence du monde Internet dans les développements et de son influence sur les grandes tendances actuelles, les acteurs issus du web sont toujours assez loin dans le classement dés lors qu’il s’agit de comptabiliser les pures ventes de logiciel.

Salesforce, éditeur d’outil de CRM en mode Saas, se classe bien 24ème – avec 863M$ de CA soit 93% de son activité – mais il s’agit autant d’un acteur classique en terme fonctionnel que d’un leader du web de par le mode de distribution de ses outils. Les plus grosses pointures du classement historiquement estampillées web sont à trouver aux 40ème et 48ème rangs avec, dans l’ordre, Amazon et Google. Reste que le web les ayant orienté services, l’édition logicielle ne représente alors que 3% de leurs chiffres d’affaires respectifs.

Alors que l’on pourrait s’attendre à ce que Google – qui fait feu de tout bois avec ses apps – soit leader en la matière, Amazon est devant avec 466 M$ de CA contre 434 M$ pour Google. Néanmoins, l’histoire pourrait leur donner raison sur le long terme. Leur modèle résolument orienté services en ligne donc devrait leur permettre de remonter au classement dans les années à venir, dont les analystes nous promettent qu’elles seront dominées par le modèle cloud computing et son pendant applicatif : le Saas.

Selon Pierre Marty, associé de PwC European Software Leader, « le Cloud/Saas est au cœur des évolutions du secteur et est appelé à croître fortement même s’il ne représente encore qu’une part relativement faible du marché ».

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