Serait-ce la pause estivale qui glisse du bleu dans la météo de l’emploi ? Pour les prévisionnistes de l’Apec, le marché de l’emploi cadre pourrait renouer avec une faible croissance en 2014.
Juillet 2013 : malgré un recul prévu à -7 % du nombre de recrutements de cadres pour l’année 2013 par rapport à 2012, et malgré la conjoncture économique dégradée, l’Apec envisage un retour à la hausse des recrutements de cadres dès l’an prochain. Légère hausse d’abord (+2 % en 2014), pour retrouver dès 2016 les niveaux d’avant la crise de 2008, et dépasser les 200 000 embauches en 2017. Selon le quota habituel d’embauches attribué au secteur IT (informaticiens d’entreprises inclus), locomotive du marché cadres avec un cinquième des embauches (21% au premier semestre 2013), l’année en cours devrait se solder par 35 000 embauches dans la fonction informatique. Soit vers le bas de la fourchette des prévisions recueillies auprès des entreprises fin 2012 (entre 33 500 et 38 000).
En juillet 2012, le même exercice de prospective à cinq ans tournait carrément à l’austérité : scénario de croissance tétanisée, stagnation des recrutements jusqu’à 2016, avec au maximum 179 000 embauches de cadres (environ 37 000 en informatique). Aujourd’hui, les prévisionnistes de l’agence penchent en faveur d’un scénario de reprise lente et modérée. Ce qui les y incite? La possibilité d’un rebond « technique » après la récession de 2012-2013, mais aussi le constat du maintien à un niveau élevé de l’embauche de cadres, réitéré depuis le début de cette année. Avec, certes, une amplification de la baisse (-1% en 2012, -7% prévu pour 2013), mais pas de décrochage brutal.
Ce qui pourrait se traduire, pour le secteur IT, par un retour dès 2015 au rythme de croisière d’avant 2008 : entre 40 000 et 45 000 embauches par an… si tout va bien. De quoi amener du baume au coeur des générations montantes. Mais aussi des seniors puisque, selon l’Apec, la part des cadres en poste dans l’ensemble des départs en retraite ré-augmenterait (de 50 % en 2013 à 53 % en 2017). Selon le baromètre semestriel mesurant le moral des cadres, un paradoxe subsiste : toutes fonctions confondues, les cadres restent majoritairement optimistes (61%) pour leur propre avenir professionnel , mais plus nombreux que l’an dernier à penser que la situation pourrait se dégrader dans leur entreprise (moins d’investissement, plus de départs que de recrutements). L’informatique n’y échappe pas.
Qu’en disent les instances dirigeantes ? Pour Syntec numérique, sollicité à ce sujet, la réponse est “no comment”. En clair : « Nous ne commentons pas les chiffres de l’APEC, hormis nos annonces liées aux conférences semestrielles d’avril et novembre ».
Nombre de recrutements de cadres |
Évolution du nombre de recrutements de cadres |
|
2012 |
179 900 |
-1% |
2013 |
166 500 |
-7% |
2014 |
170 300 |
+2% |
2015 |
181 500 |
+7% |
2016 |
196 100 |
+8% |
2017 |
214 200 |
+10% |
Apec, Perspectives de l’emploi cadre, 2013-2017
Un certain regain de confiance
Du point de vue de certains cabinets de recrutement, loin d’être au désavantage de la France comparée au reste de l’Europe, la situation de l’emploi à ce jour indique un certain regain de confiance. Le baromètre européen du cabinet Robert Walters, établi à partir de l’évolution du nombre d’annonces d’emploi entre le dernier trimestre 2012 et le premier trimestre 2013, affiche une hausse de 14 % en France, à mi-chemin entre l’Espagne (+19%) et le Royaume-Uni (+9%), mais supérieure à la moyenne des neuf pays européens observés, avec notamment, un repli de 4% pour l’Allemagne (comme suite, il est vrai, à la surchauffe de la fin de l’année 2012). Dans cette progression de 14% de l’offre d’emploi en France, le secteur IT accapare 15% des annonces, avec une progression de 21% par rapport au trimestre précédent. Est invoqué notamment un niveau soutenu de l’offre d’emplois sur les postes ERP, sécurité et web design.
Même écho relativement optimiste du côté de l’intérim-expert, comme le note le cabinet Walters People : « Malgré la frilosité des acteurs économiques, nous prévoyons une reprise au second semestre 2013 de l’intérim expert qui, au-delà des jeunes diplômés, sera convoité par des candidats plus seniors ». Ce qui dans le secteur des systèmes d’information, se traduit d’ores et déjà par le fait que « les candidats IT disposant d’une double compétence, technique et fonctionnelle, et d’une maîtrise de l’anglais courant, ont pu prétendre à une hausse de leur rémunération de 7 à 10% », précise l’analyse de ce cabinet. Avec, néanmoins, au final, une progression modeste des rémunérations (voir ci-après). Et d’envisager, dans cette lignée, pour l’ensemble de 2013, « dans un contexte dynamisé par des projets de migration d‘infrastructures et par une reprise générale des projets IT » … « un allongement des missions intérimaires, pouvant déboucher sur des contrats à long-terme ». Sujet d’actualité !
FONCTION SALAIRE ANNUEL |
||
2012 |
2013 |
Chef de Projet Technique Consultant Fonctionnel Analyste Développeur Analyste Production Support Administrateur Technicien Hotline Webmaster Technicien Support de prox. Ingé Etudes et Dev. |
€ 35-45k € 39-56k € 33-37k € 35-42k € 32-36k € 18-22k € 24-30k € 22-28k € 36-45k |
€ 35-45k € 36-50k € 32-37k € 35-42k € 32-36k € 18-22k € 24-28k € 24-30k € 35-45k |
Source : « Etude de rémunération 2013 » de Walters People
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